Description
Dans le cadre des études sur le droit musulman, l’ijtihād a fait l’objet de nombreux travaux académiques depuis plus d’un siècle. Mentionné dans les sources scripturaires, l’ijtihād, souvent traduit par « effort de réflexion » ou « d’interprétation », désigne l’action herméneutique en islam, appliquée aussi bien aux textes primaires qu’à la production juridique musulmane.
Si les recherches portant sur l’ijtihād et le renouveau du droit musulman abondent, celles qui s’intéressent aux cadres méthodologiques de l’ijtihād, à ses procédures, à leur évolution et à leur renouveau demeurent bien plus rares. Pourtant, cette dimension est fondamentale : au-delà de la production de nouvelles opinions de fiqh, les différents acteurs du droit musulman (juristes, savants, penseurs, experts, comités, États, etc.) ont également élaboré de nouveaux mécanismes et cadres herméneutiques.
L’émergence de l’ijtihād collectif constitue un exemple significatif, révélant à quel point cette pratique a évolué à l’époque contemporaine, tant sur le fond que sur la forme. Ces transformations touchent autant les modalités de mise en œuvre de l’ijtihād que les profils des personnes impliquées. Par exemple, alors qu’historiquement, le monopole de l’autorité de l’ijtihād appartenait aux juristes mujtahidūn — répondant à des critères moraux, religieux, cognitifs et intellectuels définis dans les ouvrages de droit musulman —, d’autres acteurs, tels que des experts profanes (médecins, économistes, etc.), participent désormais à l’élaboration des normes. Ce phénomène bouleverse l’autorité traditionnelle de l’ijtihād et en redéfinit les fondements.
Dans cet ouvrage, nous examinerons l’évolution du paradigme herméneutique du droit musulman contemporain, à travers l’exemple de l’émergence de l’ijtihād collectif. Cette évolution a marqué des changements profonds en matière de méthode, d’autorité, de processus de fabrication de la norme musulmane et d’organisation institutionnelle.
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